Au Togo comme ailleurs dans le monde, les accidents de travail sont monnaie courante dans les entreprises. Une situation qui conduit parfois à des pertes en vies humaines. A cela, s’ajoutent les maladies professionnelles. A l’Ong SADD (Solidarité et Action pour le Développement Durable), l’on est convaincu que ces tragédies peuvent être évitées. Ceci, en adoptant des méthodes rationnelles de prévention, selon les recommandations de l’OIT.
C’est dans cette optique que cette organisation membre de la société togolaise, basée à Lomé, a outillé du 11 au 13 novembre 2022 à Atakpamé, une vingtaine de travailleurs (délégués syndicaux et délégués du personnel) des entreprises des Mines et Carrières (SCAN-TOGO, WACEM, FORTIA (Tabligbo), de POMAR (Pagala) et DCT (Tsévié)), de la ZFI de Lomé et de la SINTO (sucrerie d’Anié).
Durant trois jours, les participants ont reçu une bonne dose d’informations sur les notions de la sécurité et santé au Travail, la sécurité sociale et de l’assurance maladie. Une rencontre rendue possible grâce à l’appui technique et financier de WSM (We Social Movement) de Belgique.
A en croire Yves Komlan Dossou, Coordonnateur Général de l’Ong SADD, en organisant cette rencontre, l’ambition est de promouvoir les conditions de sécurité et santé au travail dans les entreprises des mines et carrières, de la Zone Franche au Togo et contribuer à la jouissance effective du droit à la sécurité sociale pour tous les travailleurs.
Posant un diagnostic clair de la situation, ce dernier fait savoir qu’au Togo, “la question de la santé et sécurité au travail est très préoccupante du fait que les données de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) indique 159 entreprises sur environ 11 000 entreprises déclarées disposent de comités de sécurité et santé au travail dont très peu sont opérationnels”.
Par ailleurs, souligne M Dossou, “peu d’entreprises disposaient d’un service de sécurité et santé au travail animé par des spécialistes de la question (médecins du travail, infirmiers du travail, psychologues du travail, ingénieurs de sécurité et santé, ergonomes, etc.)”.
Dans l’économie informelle, ajoute le coordonnateur de SADD, “aucune disposition n’est appliquée”. Pourtant, souligne-t-il, “cette économie occupe une part importante de la main d’œuvre active avec environ 3 341 763 de personnes dont 52,7% de femmes”.
Il va de même pour la sécurité sociale oude milliers de travailleurs notamment ceux des entreprises des mines et carrièresqui fait gravement défaut alors que cet aspect de la protection sociale est tout autant important pour humaniser les conditions de travail, protéger les travailleurs contre les risques sociaux, économiques et contre les vulnérabilités, voire la pauvreté.
Revenant sur les conditions de travail et de vie des travailleurs de ce secteur, eh bien, M Yves Dossou indique qu’elles sont “extrêmement difficiles”. “Ils sont privés pour la plupart des équipements et mesures adéquats assurant leur sécurité et santé au travail, couplés de l’inexistence et de l’inopéralisation de comités de santé et sécurité au travail”.
“La plupart des travailleurs n’a pas d’assurance maladie, ni des repos hebdomadaires, des congés payés, des congés de maternité et exercent dans des conditions précaires”, a-t-il relevé.
Pour cet acteur de la société civile togolaise, “la sécurité et la santé au travail peuvent jouer un rôle clé en matière de développement durable et investir dans ce domaine peut contribuer à la réalisation du Programme de développement durable pour 2030”.
D’où la nécessité de renforcer les capacités des délégués syndicaux et du personnel des entreprises d’extraction minière et carrière, “afin qu’ils prennent conscience des enjeux de la sécurité et santé au travail et de la protection sociale et qu’ils deviennent eux-mêmes les acteurs du changement et soient aptes à soutenir les actions transformatrices”.
Au vu de tout ce qui précède, en termes beaucoup plus clairs, ce séminaire vise d’une part à renforcer les capacités de ces acteurs sur la problématique de la sécurité et santé, les risques et dangers encourus, sur l’importance de la protection individuels/collectifs et la déclaration des travailleurs à la CNSS, les prestations et procédures y afférentes ainsi que le cadre juridique qui les encadre.
Et d’autre part, il permettra à ces acteurs de prendre conscience de la nécessité et de l’importance de la protection sociale y compris la sécurité et santé au travail pour tout travailleur afin d’entreprendre ou de participer à des actions visant la jouissance effective des droits y afférents.
Selon les données récentes publiées par l’Ong SADD, chaque année 2,78 millions de travailleurs perdent la vie du fait d’accidents du travail et de maladies professionnelles (2,4 millions de ces décès étant imputables aux seules maladies professionnelles) et 374 millions sont victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles non mortels, selon de récentes estimations publiées par l’Organisation internationale du Travail (OIT).
Des chiffres alarmants qui motivent l’organisation de cet atelier afin doter les participants d’outils nécessaires, qui leur permettra de renverser la tendance.