Après des années de turbulence, IB Bank Togo (ex-BTCI) a réalisé un bénéfice net de plus de 3 milliards de francs CFA, un redressement important par rapport aux 8,8 milliards de perte de l’année précédente. L’information a été partagée par Khalid Yacoubou Boukari, Directeur des engagements de la banque, sur sa page LinkedIn, sans plus de détails.
Finalisé en 2021, le processus de privatisation de la banque faisait partie d’une stratégie visant à renforcer la santé financière de cette banque ainsi que sa contribution à l’économie nationale. L’État conserve une participation de 10 %, tandis qu’IB Holding détient les 90 % restants. L’opération, conclue par Mahamadou Bonkoungou, magnat des BTP et patron d’IB Holding, était censée redessiner les contours de l’institution et renforcer ses assises.
Cette performance représente une évolution majeure pour la banque et rompt avec des années de pertes consécutives depuis 2013.
2022, année charnière
Avant ce rebond, 2022 avait déjà vu IB Bank s’agiter dans le tumulte financier. Malgré les tempêtes, les actifs de la banque avaient grimpé, passant de 292 à 418 milliards FCFA, selon les états financiers de la banque scrutés par Togo First. Cette hausse avait été principalement alimentée par un doublement des créances sur la clientèle, qui s’élevaient à 250 milliards de FCFA contre seulement 111 milliards de FCFA en 2021. Sans qu’on ait de détails sur ce qui a induit ces augmentations, la banque étant en phase de restructuration, on peut se demander si cela relève d’une opération de revalorisation des actifs. Mais derrière ces chiffres, la réalité est moins rose, marquée par un risque accru et des provisions en hausse pour parer aux créances douteuses.
Le produit net bancaire de la banque a augmenté, passant de 8,6 milliards de FCFA en 2021 à 13,4 milliards de FCFA en 2022, soutenu par une hausse des intérêts et produits assimilés ainsi que des commissions. Cependant, cette augmentation des revenus n’a pas suffi à compenser l’impact des charges d’exploitation et du coût du risque.
IB Bank Togo affichait une perte nette de 8,8 milliards de FCFA cette année-là, une aggravation par rapport à la perte de 1,3 milliard de FCFA en 2021, due en grande partie à une augmentation significative du coût du risque, qui est passé de 221 millions de FCFA en 2021 à 11,9 milliards de FCFA en 2022.
Confiance des clients
Malgré les remous, la confiance des clients ne semble pas ébranlée. Les dépôts ont bondi à 409 milliards de FCFA en 2022 contre 275 milliards de FCFA un an plus tôt, un signal de solidité qui contraste avec des fonds propres toujours dans le rouge à -4,5 milliards de FCFA. Une équation financière que la direction doit encore résoudre pour solidifier ses bases.
Réduire les reports à nouveau négatifs
Les 3 milliards de FCFA de bénéfice de 2023 devraient sans doute servir à apurer les reports à nouveau négatifs accumulés depuis plus d’une décennie, une stratégie envisagée pour renforcer la position de la banque. Si les détails restent encore voilés, on attend les rapports de 2023 pour en savoir davantage sur les indicateurs de l’ex-BTCI.