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Yawa Kouigan, nouveau visage de la communication gouvernementale et les défis qui l’attendent

“Je travaillerai sans relâche à promouvoir l’information de nos concitoyens, à renforcer la pédagogie de l’action gouvernementale, à structurer le paysage médiatique pour une communication dynamique, innovante et transparente au service de la nation”.  Prononcées le 13 septembre dernier lors de sa prise de fonction, ces paroles dessinent les contours de la nouvelle dynamique que Yawa Kouigan entend insuffler à la communication gouvernementale. 

Nommée le 8 septembre en remplacement d’Akodah Ayewouadan, qui est alors cette personnalité, déjà très active sur les plateformes sociales et ancrée dans le dispositif de communication gouvernementale, qui prend les rênes du Ministère de la Communication et des Médias ?

Du privé à la politique 

Née en novembre 1979, Florence Yawa Ahofa Kouigan arbore un parcours multidisciplinaire qui l’a conduite de l’université aux bancs du secteur privé, en passant par la justice et enfin, la sphère politique.

À la fin des années 90, après une maîtrise en droit privé, spécialisation en droit des affaires à l’Université du Bénin (devenue Université de Lomé), Kouigan intègre Ecobank comme Conseillère juridique. Un baptême dans le secteur privé qui enrichira son CV d’expériences en Business et Corporate Communications.

Mais c’est à partir de 2007 que sa trajectoire prend un virage décisif. Juriste, elle délaisse peu à peu les textes législatifs pour se focaliser sur l’encre des bulletins de vote. En 2010, elle devient assistante de coordination de la mission d’observation électorale de l’Union européenne. Ce rôle fait d’elle peu à peu une figure importante des cercles électoraux togolais.

Sept ans plus tard, elle est élue membre de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Un choix qui soulève des critiques de l’opposition, vu sa proximité déclarée avec le parti Unir, dont elle est membre depuis 2012. Mais Kouigan fait fi des controverses et prend en main la communication de la CENI lors des élections législatives de 2018.

De cette expérience au sein de la CENI, Yawa Kouigan sort renforcée et décide d’élargir son spectre d’actions. 

Particulièrement engagée sur les réseaux sociaux comme Twitter, où elle met en avant les jeunes talents et initiatives valorisant le Togo, Yawa Kouigan a su conjuguer cette présence numérique avec un rôle institutionnel. Depuis 2011, elle était déjà un acteur clé de la communication au sein du cabinet présidentiel. Sa montée en responsabilités se concrétise en 2019, lorsqu’elle devient Directrice adjointe de l’information et de la communication de la Présidence, aux côtés de Toba Tanama.

Cette même année, Yawa Kouigan marque un autre jalon dans sa carrière : elle devient maire d’Atakpamé et, par la suite – un an plus tard – présidente de la Faîtière des communes du Togo (FCT), première femme à occuper ce poste. C’est un double coup d’éclat qui lui donne une stature nationale, puis régionale. Car le 22 août dernier à Abidjan, l’édile de la ville aux sept collines est élue Vice-présidente du Conseil des Collectivités Territoriales de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (CCT-UEMOA).

Très engagée dans les initiatives de jeunes, notamment, Yawa Kouigan prend en octobre 2021, la tête  d’Ifodje Football Club d’Atakpamé, reprenant le flambeau du député d’UNIR Michel Amétodji, avec à ses côtés Akodah Ayewouadan, son désormais prédécesseur au portefeuille de la communication et médias, également natif de l’Ogou 1.  

Mosaïques de défis 

Dans le paysage en mutation de la communication togolaise, Yawa Kouigan prend la tête d’un ministère qui se trouve à un carrefour d’enjeux. D’une part, la nouvelle ministre devra faire face à l’ardente question de la désinformation, un défi qui nécessite de jongler habilement entre la régulation et la sauvegarde de la liberté d’expression. D’autre part, le contexte régional ajoute une pression supplémentaire pour le maintien ou même l’amélioration des normes de liberté de la presse — des valeurs particulièrement précaires dans la région. Un domaine dans lequel le Togo a fait des progrès ces dernières années, selon Reporter sans frontières (RSF).

À l’ère numérique, la question brûlante de la régulation des médias sociaux et des plateformes en ligne est une autre paire de manches. Ce sont des domaines où les choix politiques s’annoncent particulièrement délicats et auront des répercussions bien au-delà des frontières nationales.

A souligner que son mandat ne comprend pas les prérogatives de porte-parole du gouvernement, une tâche dévolue au Secrétaire général, Christian Trimua. Cette distinction impliquera une étroite collaboration pour aligner les messages et les orientations stratégiques. 

Au-delà de cet ensemble déjà vaste de défis à relever, Yawa Kouigan doit également prendre en main la délicate question de la presse locale. Sur son bureau, attendent des dossiers chauds : les prochaines élections au sein de la Haac, des réformes visant à professionnaliser le secteur de la presse, l’effectivité de la création de sociétés de presse, ainsi que la modernisation de la TVT et son administration, de même que les radios régionales. S’ajoutent à cela le basculement vers la TNT, projet sur lequel le Togo accuse déjà du retard et la relecture pressante du code de la presse pour intégrer les nouveaux médias, exigée par les acteurs du secteur et les ONG spécialisées sur les questions de Droits de l’Homme. 

Source : Togo First