C’est une équation budgétaire délicate à Lomé : entre janvier et septembre, les exonérations fiscales ont coûté à l’État togolais au moins 139 milliards FCFA, une augmentation de 18,5% par rapport à l’an dernier. Les projections tablent même sur un total de 146 milliards FCFA pour l’année en cours. Ces recettes “non liquides”, c’est-à-dire non encaissées effectivement, ont un impact direct sur les finances publiques, mais s’inscrivent dans une stratégie gouvernementale de soutien à l’économie en temps de crise.
Pour alléger le quotidien des ménages et répondre à l’inflation, Lomé a mis en œuvre des exonérations fiscales d’ampleur ces dernières années. Les plus récentes : la suppression totale de la TVA pour les cantines universitaires et d’entreprises se veut un soulagement direct pour les étudiants et les salariés.
Côté entreprises, le cap est mis sur la promotion de l’investissement et la relance économique. En témoigne l’exonération des droits et taxes de douane sur les équipements dédiés aux Bâtiments et Travaux Publics (BTP), une initiative pour booster un secteur clé.
Par ailleurs, cela fait déjà plusieurs années que l’exécutif togolais est en offensive dans le secteur agricole, qui bénéficie lui aussi d’exonérations, notamment sur les coûts des intrants. On notera également des incitations pour les nouveaux investisseurs, notamment dans les zones franches. Les entreprises en difficulté reçoivent un soutien temporaire, et les ONG ainsi que les institutions internationales profitent de conditions fiscales avantageuses. Des exonérations douanières ciblent également certaines importations cruciales, soutenant ainsi l’économie locale.
Malgré le poids de ces politiques sur les finances publiques, l’Office togolais des recettes (OTR) affiche des résultats encourageants. Avec 590 milliards FCFA entrés effectivement dans ses caisses à fin septembre 2023, l’OTR a atteint environ 77% de son objectif de recettes liquides fiscales annuelles, fixé à 765 milliards de FCFA, marquant une progression notable de plus de 11% par rapport à l’année précédente.
Toutefois, alors que la pertinence de ces exonérations fait débat, aucune étude récente n’a encore évalué leur impact positif ou négatif sur l’économie. Une première étape dans cette direction a cependant été franchie : l’OTR s’efforce depuis quelques années de dresser un tableau détaillé des dépenses fiscales, incluant les exonérations, les exemptions et les allègements fiscaux. Cette démarche, essentielle pour une transparence accrue, pourrait à terme fournir les données nécessaires à une évaluation objective de l’impact réel de ces politiques sur l’économie togolaise.
Avec Togo First