Aucun pays ne peut se construire avec des populations malades. Aucune commune non plus, d’ailleurs. Fort de cette assertion, le programme Joint Learning Agenda (JLA) a appelé vendredi dernier, à la faveur d’une conférence de presse à Lomé, les élus locaux mais aussi les parlementaires, à prendre une part active dans le financement de la santé de leurs communautés, en vue de l’atteinte de la couverture sanitaire universelle (CSU) au Togo d’ici 2030. Ceci, conformément aux Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations unies.
D’entrée de jeu, il faut noter que la CSU un objectif de santé reconnu et poursuivi par la communauté internationale et les pays membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dont le Togo.
Pour Manzama-Esso Kola, Chef d’équipe des points focaux du programme JLA, en lançant ce plaidoyer à l’endroit des communes et du parlement togolais, “l’ambition est de faire en sorte que tous les individus aient accès aux services de santé dont ils ont besoin sans que cela n’entraîne pour les usagers des difficultés financières”.
Mais au Togo, relève ce dernier, “le financement de la santé est principalement assuré par les ménages qui payent directement pour les soins de santé”.
“Le taux de ces dépenses se chiffre à 61%”, renseigne ce dernier. Un chiffre jugé “trop élevé” pour Joint Learning Agenda (JLA).
L’idéal selon le programme, est que les populations togolaises payent de moins en moins en matière de soins de santé.
Dans la foulée, si l’Etat togolais s’est engagé depuis 2002 à augmenter d’au moins un point chaque année la part du budget alloué à la santé jusqu’à atteindre les 15% recommandé par l’engagement d’Abuja d’avril 2001, souligne le JLA, “on constate que cette part évolue en dents de scie variant de 6,63% en 2002 à 5,15% en 2022 avec un pic de 8,33% en 2020 en raison de la mobilisation accrue pour lutter contre la Covid-19”.
C’est ce qui justifie son appel pressent, en vue d’une mobilisation des ressources au niveau local.
“Les communes sont à l’avant-garde du développement et elles peuvent nous aider à aller vers la CSU si elles mobilisent les moyens pour financer la santé de leurs communautés. Ce que nous essayons de faire comprendre aux communes c’est qu’elles ne peuvent pas se développer en ayant en leur sein des gens qui ne sont pas bien portant. Pour se développer, il faut avoir des bras valides. Elles ont donc intérêt à financer la santé de leurs populations pour qu’en retour, celles-ci puissent avoir la force nécessaire pour travailler pour le développement local “, a expliqué Chef d’équipe des points focaux du programme JLA.
“Au-delà, nous estimons qu’il faut que les premières autorités du Togo puissent faire du financement de la santé ou de l’augmentation du budget de la santé une priorité nationale pour que le Togo ait des citoyens en bonne santé pour son développement “, ajoute Manzama-Esso Kola.
Autre inquiétude partagée par le JLA au cours de la rencontre avec la presse : le Togo est trop dépendant de l’extérieur en ce qui concerne ses problèmes de santé.
“Or, aucun pays ne peut réellement aller vers la CSU s’il compte sur le financement des autres. Il lui faut nécessairement lever des ressources sur le plan local”, soutient M Kola.
A rappeler que JLA est un programme d’apprentissage conjoint sur le financement de la santé et la CSU. Ce programme a été mis en place par un consortium d’organisations mondiales de santé (la Facilité de financement mondial (GFF), le Fonds mondial, le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant, l’OMS, la Banque Mondiale, GAVI et UHC2030) coordonné par des partenaires régionaux de la société civile à savoir Impact Santé Afrique (ISA) et WACI Health.